Dictionnaire international des militants anarchistes
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DE BOË JEAN, Adelin “Quercus”, “Georges DEMOS”, “G. DEM”
Né le 20 mars 1889 à Cureghem-Bruxelles (Belgique) - mort le 2 janvier 1974 - Ouvrier typographe linotypiste - SIA - FGTB - Bruxelles
Article mis en ligne le 13 février 2007
dernière modification le 27 octobre 2023

par R.D.
Jean de Boë

Après des études primaires, Jean de Boë qui, orphelin, avait été élevé par sa grand-mère blanchisseuse, entra en apprentissage, comme ciseleur (15 jours) et dans un atelier de sculpture (2 ans), puis comme typographe. Fin janvier 1906, il adhéra à l’Association libre des compositeurs et imprimeurs typographes de Bruxelles et sa carrière professionnelle se déroula en Belgique, mais aussi en Suisse et en France, marquée par une action militante coopérative et, avant tout, syndicale.

En 1908, il était l’animateur du Groupe révolutionnaire de Bruxelles qui avec notamment les groupes de Charleroi, de Carnières, de Ledeberg les Gand et de Dolhain avaient fondé une Fédération anarchiste de Belgique.

En février 1909 il avait été arrêté distribuant des tracts lors d’un meeting à Bruxelles et après avoir crié “Mort aux vaches !”. Il avait d’abord été membre des Jeunes Gardes Socialistes - mais diffusait dès 1888 le journal anarchiste communiste La Guerre sociale (Bruxelles) - avant de se rapprocher en 1906 de la Colonie communiste "L’expérience" de Sockel puis d’appartenir au Groupe révolutionnaire de Bruxelles de tendance individualiste.

Insoumis, Jean de Boë gagna en 1910 la France et s’installa à Romainville, rue Paul de Kock. Il fut impliqué en France dans l’affaire Bonnot avec trois autres anciens membres du Groupe révolutionnaire de Bruxelles émigrés eux aussi à Paris : Édouard Carouy, Raymond Callemin Raymond La Science et Kibaltchiche Victor Serge. Arrêté le 29 février 1912 (ou le 15 mars 1912 à Marseille ?) avec sa compagne Ida Barthelmess, il fut accusé d’avoir participé au vol de l’usine Fumouze à Romainville et d’avoir négocié des titres volés rue Ordener et fut condamné par la cour d’assises de la Seine, le 28 février 1913, à dix ans de travaux forcés et dix ans d’interdiction de séjour pour “recel et association de malfaiteurs”. Fin 1913, De Boë arrivait à l’Île du Diable (ou à Saint-Joseph ?), près des côtes de la Guyane française. Au régime politique, il put certes compléter ses connaissances par des lectures, mais cette détention loin du pays et des siens fut dure à supporter. Toutefois, après un essai d’évasion, De Boë décida de tenir et de subir sa peine. Astreint ensuite à la relégation, il réussit à fuir et à gagner la Guyane hollandaise. Il travailla pour payer son passage par bateau et put enfin regagner Bruxelles où il arriva en juin 1922. Son ancien patron imprimeur le reprit aussitôt.

Sans renier ses opinions d’antan, De Boë se consacra alors principalement à l’action syndicale. Il anima plusieurs grèves, notamment celle de neuf semaines qui se déroula en 1925 et celle de décembre 1930-janvier 1931. En 1926, il fut un des fondateurs de la coopérative « Les Arts graphiques ». Il collaborait à l’époque, souvent sous le pseudonyme de G. Dem ou Georges Demos au bi-mensuel anarchiste Le Combat (Flémalle-Grande & Bruxelles, février 1926 à avril 1928) dont le rédacteur principal était Camille Mattart et le gérant Hem Day.

En 1929 il participait à la campagne menée par Le Comité International de Défense Anarchiste (CIDA) et le Comité d’Aide pour les victimes politiques (CAPVP) contre l’expulsion du militant italien Angelo Bartolomei et au bulletin Droit d’Asile (Bruxelles, un numéro unique en septembre 1929) publié à cette occasion par Hem Day.

Au début des années 1930 il était, avec Piere Mahni, le correspondant pour la Belgique du bulletin Correspondance Internationale Ouvrière (Paris & Nimes, septembre 1932 à mai 1933) dont les deux principaux animateurs étaient Jean Dautry et André Prudhommeaux.
Il dirigea également Le Creuset (1925-1932), bulletin mensuel de propagande syndicale, fondé à Bruxelles en avril 1925 et dans lequel il publiera en 1930, sous forme de feuilleton, le récit de son voyage en URSS sous le titre "Le pèlerin de Moscou : 50 jours à travers la Russie nouvelle". Il fut également avec J. Van Trier, le gérant du dernier numéro (n°12, a avril 1931) du journal italien Fede publié jusque là à Paris par Virgilio Gozzoli.

Il sympathisa activement avec la révolution espagnole à laquelle les anarchistes prirent si grande part et, en 1937, il se rendit en Espagne. En 1939, il adopta deux fillettes des Asturies dont le père avait été fusillé par les franquistes. Il milita également à la SIA (Solidarité internationale antifasciste).

Puis ce fut la guerre et, la Belgique étant envahie, la Gestapo vint pour arrêter De Boë en juillet 1941. Absent de chez lui, il put passer en France ; il revint à Bruxelles en août 1943 et dut rester caché jusqu’à la libération de la capitale.

Il reprit alors l’action syndicale et réussit à unifier le mouvement du Livre alors divisé en six organisations. Le 1er janvier 1945 il était désigné comme secrétaire général du syndicat unifié du Livre et Papier de Bruxelles et, peu après, président de la Centrale de l’industrie du Livre et Papier de Belgique. C’est en 1949 que fut constituée à Stockholm la Fédération graphique internationale et J. De Boë fut secrétaire, pendant neuf ans, du groupe 1, celui des typographes.
La devise qu’il avait adoptée et qui figure sur la couverture de ses Propos subversifs est la suivante :
« Ne jamais mentir.
Ne jamais trahir.
Ne jamais désespérer. »

Très attentif à la répression en Espagne, il était en mars 1950 le gérant du numéro unique de SIA publié à Bruxelles et entièrement consacré à la répression policière contre les militants anarchistes en Espagne. Il collaborait également au journal Contre Courant (Paris) de L. Louvet.

A la fin des années 1950 il collaborait au bulletin Commission Internationale de Liaison Ouvrière (Paris, 33 numéros de mars 1958 à septembre 1965, dont l’édition française était assurée par Louis Mercier Vega et qui était l’organe du Centre International de Liaison Ouvrière (CILO) fondé en novembre 1957.

Jean De Boë est mort le 2 janvier 1974 à Bruxelles.

ŒUVRE : Collaborations : Centaines d’articles sous son nom ou ses pseudonymes dans outre les titres cités dans la notice : L’Anarchie, La Guerre sociale (Paris, 1907-1914), Le Réveil Syndicaliste (Jupille-Liège, 1932-1934) La Vie ouvrière(CGT), La Révolution Prolétarienne, Le Réveil de Genève, Le Monde Libertaire, etc.

Ouvrages : Un siècle de luttes syndicales, Bruxelles. — La Révolution en Espagne (brochure). — Notre Doctrine syndicale, conférence de J. De Boë, novembre 1962, Bruxelles, s. d., 32 p. — Propos subversifs, Bruxelles, 1967, 352 p.


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