Dictionnaire international des militants anarchistes
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VILLARET, Eugène “DENEF
Né le 20 février 1867 à Sombernon (Côte-d’Or) - Menuisier - Paris
Article mis en ligne le 7 juin 2010
dernière modification le 17 mars 2024

par R.D.

Eugène Villaret avait été signalé en 1886 dans les réunions de la Ligue des antipatriotes et, aux cotés d’Octave Jahn, dans celles de la Jeunesse anarchiste de a Rive gauche dont il avait été l’un des fondateurs. Ce dernier groupe, qu avait remplacé Les Misérables avait son siège dans le Ve arrondissement et comprenait également les compagnons Robquin, Cardeillac, Sureau et Arcougeon entre autres.

Le 15 avril 1886 il avait été condamné avec Bricou, Robquin et d’autres compagnons pour l’affichage d’un placard convoquant à un meeting place du Châtelet. A la fin de ce même mois il avait été désigné par le groupe de la Jeunesse pour aller avec un autre compagnon à Decazeville, pour s’y embaucher à la mine et pousser les mineurs à l’action.

Selon la police, il aurait été avec Jahn l’auteur d’un tract signé d’un soi disant Groupe la Main noire appelant les ouvriers sans travail à manifester et provoquer une émeute le 12 août Place de la Bourse (voir Portfolio). Toutefois, il semblerait que cette manifestation ait été un leurre monté par le groupe de la jeunesse pour provoquer un déploiement de policiers sans nécessité.

En janvier 1887 il avait participé à une série de meetings tenus avec entre autres Louise Michel, Duprat, Murjas et Thevenin pour protester contre la condamnation à mort de Clément Duval. Le 27 janvier, lors de l’une de ces réunions tenue salle des Mille colonnes, il avait été notamment chargé du service d’ordre. Selon la police il était le principal animateur et trésorier du groupe L’avant Garde de Grenelle dont faisaient également partie Gouzien et Moucheraud.

Au printemps 1887, avec la collaboration des groupes Les Pieds Plats (voir Octave Jahn) et La Jeunesse anarchiste du XVe, il recueillait des fonds pour éditer L’Avant Garde, un nouvel organe “moins dogmatique que Le Révolté”, qui devait être à l’origine domicilié chez lui 31 rue de l’Abbé Groult et dont le premier numéro devait paraître avant le 18 mars, anniversaire de la Commune. Puis début mars les deux groupes avaient loué pour 140 francs, 64 rue Fondary un local de trois pièces pour servir de siège à la rédaction. Le 12 mars, avec la collaboration de Louise Michel, la rédaction de L’Avant Garde avait organisé une réunion publique à la salle François, rue Blomet (voir Portfolio). Environ 300 personnes y écoutèrent, outre Louise Michel, les compagnons Murjas, O. Jahn qui fit l’apologie des "watrinades" et Hemery Dufoug. Sous le titre L’Avant garde cosmopolite, le premier numéro publié le 28 mai aurait été tiré à 10.000 exemplaires dont 5000 auraient été envoyés en Belgque où Davister et Ruwette du journal La Liberté (Verviers) en assuraient la diffusion. Le périodique qui se voulait hebdomadaire avait pour gérant Adrien Moucheraud eut au moins 8 numéros (n°8, 23 juillet-5 août 1887).

En mai 1887 il fut l’un des organisateurs de la manifestation de commémoration de la Commune (le 29 mai) et de la vente de L’Avant-garde cosmopolite au cimetière du Père Lachaise. Selon le rapport d’un indicateur, il se serait vanté, lors d’une réunion de préparation de cette manifestation, que le groupe L’Avant Garde avait commandé à “un copain ayant des connaissances en chimie, une belle couronne” équipée d’une bombe, à déposer sur la tombe des fédérés et qui devrait exploser si les agents tentaient de l’enlever. Il avait ajouté que le groupe avait également fait faire une superbe bannière en velours noir pour laquelle Séverine avait donné une somme de 50 francs. Les drapeaux noirs et rouges, qui ne devaient être déployés qu’une fois entrés dans le cimetière, devaient être cachés la veille dans une tombe à proximité du mur des fédérés. Selon les indicateurs, ce serait Octave Jahn - arrêté entre temps en Belgique - qui aurait été chargé de déposer la couronne explosive.

Au printemps 1887, il aurait été approché par un agent du parti orléaniste qui lui avait proposé 300 francs par mois s’il acceptait de devenir un agent provocateur au service du parti royaliste et de payer les frais d’impression de L’Avant Garde cosmopolite. Villaret, lors d’une réunion le 4 juillet, avait alors affirmé qu’il “avait tapé à grands coups de poing” sur l’individu en question.

Fin juin 1887, Villaret, à qui on aurait reproché "sa mauvaise administration" lors du lancement du journal, se serait retiré de la rédaction de L’Avant garde cosmopolite où il aurait été remplacé par Landriot. A cette même époque, la rédaction fut expulsée de son local par le propriétaire de la rue Fondary.

Il collabora également à cette époque au journal L’Autonomie individuelle (1887-1888).

Membre du groupe des menuisiers anarchistes avec entre autres Guérineau, Meunier, Dustud et Bertrand, Eugène Villaret avait activement participé aux grèves de janvier 1889. Il avait été membre précédemment de la rédaction de l’organe anarchiste multigraphié L’Esprit de révolte (Paris) dont la rédaction comprenait également Charles Malato, Alain Gouzien, Léin Schiroky, Émile Roland, Paul Paillette, E. Lettry et Raphaël Coster. Domicilié 2 rue Roussin, le journal n’eut vraisemblablement qu’un seul numéro paru en juillet 1888.

Les 1er et 8 septembre 1889 il avait participé au congrès anarchiste international tenu à Paris iù il avait été le rapporteur d’un texte du groupe La Liberté sur les maladies engendrées par la société actuelle.

E. Villaret suivit ensuite les cours de dessin organisés rue Miollis, à Grenelle, par la Chambre syndicale des menuisiers sous la responsabilité de Cordeillac. C’est autour de ces cours que fut organisé le groupe anarchiste du 15e arr. dont il fit partie avec Emery et Coudry entre autres.

E. Villaret fut le premier gérant de l’organe des menuisiers Le Pot à colle (Bagnolet-Montreuil, 19 numéros de mai 1891 au 26 mars 1892) qui avait été fondé par Guérineau « avec une vingtaine de camarades du Faubourg Saint-Antoine »(cf. Lettre de Guérineau à Nettlau, 4 novembre 1931). Le 12 juillet 1891 il fut arrêté à Paris pour « outrages à agent » et condamné, après trois jours de préventive, à six jours de prison. Il fut alors remplacé à la gérance du Pot à colle par P. Phalip.

En 1892 il demeurait 14 rue Paul Bert à Montreuil et était l’un des responsables avec notamment Schaeffer de la chambre syndicale de l’ébénisterie dont le siège se trouvait 10 rue Basfroi. A cette époque il était également signalé dans les réunions du Cercle anarchiste international de la salle Horel où il diffusait le manifeste A l’armée ! (voir portfolio).


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